Quelques éléments trouvés ici et là dans le dernier livre de notre astrologue-qui-a-été-Directeur-de-recherche-au-CNRS. Elle écrit : "C'est ainsi qu'en 1989 j'ouvrais le dossier de l'astrologie dans la collection "Que sais-je ?" aux Presse Universitaires de France" (Page 11). FAUX, ce dossier était déjà ouvert par Paul Couderc depuis 1951 ! Ce n'est d'ailleurs que contrainte et forcée par ses détracteurs qu'elle conscent à évoquer l'existence d'un prédecesseur, page 217, mais sans donner les références de l'ouvrage... Page 11 toujours, elle affirme que "Les théories blindées, définitives ne m'ont jamais plu". Une page plus loin, elle précise avoir "définitivement" compris que l'astrologie était circonscrite au seul système solaire. Ce point de la doctrine astrologique est une des marques les plus évidentes de l'aspect définitif de ce dogme. Pour la prochaine édition de son livre, je lui propose de modifier sa phrase comme suit : A part celles de l'astrologie, les théories blindées, définitives ne m'ont jamais plu. Page 34, se livrant au jeu du vrai/faux dans le but d'"éclairer" le lecteur, elle répond Faux à l'affirmation suivante : "Le signe zodiacal n'est plus en relation avec le groupe d'étoiles qui lui a donné son nom en raison du phénomène de précession des équinoxes." Pour vérifier, j'ai relu le Que sais-je ? de Madame Fuzeau-Braesch (troisième édition, 1995, pages 6 et 7). Voici ce qu'elle dit : "Les 12 signes zodiacaux correspondent à 12 constellations d'étoiles fixes, telles qu'elles ont été vues et définies dans l'Antiquité et dont elles conservent les noms (...) (Le signe zodiacal astrologique) porte le nom de la constellation qui y correspondait lorsque ce zodiaque a été instauré (...) Il n'a donc plus de relation avec les constellations de la sphère étoilée". Contradiction entre les deux ouvrages, la réponse du Que sais-je ? étant la bonne. Le lecteur de Pour l'astrologie aura du mal à y voir plus clair. Page 35, on apprend que le fait d'utiliser le même zodiaque pour les hémisphères Nord et Sud n'est pas génant car "le rayon de la Terre, 6 400 kilomètres, est bien petit par rapport à la distance moyenne Terre-Soleil de 149 millions de kilomètres." Et bien si, c'est génant, car le zodiaque que l'astrologie utilise est un zodiaque qui se cale sur les saisons de l'hémisphère Nord, où chaque signe correspond symboliquement aux caractéristiques de la saison où il se situe. Et justement, page 81, Suzel parle de la chronobiologie, et de l'influence des saisons sur notre organisme. Peut-on utiliser la même symbolique pour deux personnes situées chacunes dans un hémisphère différent, et qui vivent donc un rythme différent ? Non, la faible valeur du rayon de la Terre par rapport à la distance Terre-Soleil n'empêche pas des variations importantes d'un hémisphère à l'autre... La preuve, on la trouve page 99 de son Que sais-je ? (version 1995). Elle signale que les résultats d'une étude s'étant déroulée dans l'Hémisphère Sud, et portant sur extraversion et introversion, présentent "une différence liée aux saisons..." Page 138, Suzel cite les "quelques sérieuses expériences statistiques réalisées dans le monde (...). Elles suffisent cependant à elles seules à prouver scientifiquement qu'il y a quelque chose d'objectif - donc des faits réels - dans l'astrologie (...)." Lesquelles ? Celles de Gauquelin, dont le fameux "effet Mars". Petit problème, plusieurs études, dont la réplication effectuée par le CFEPP, ont infirmé les résultats de Gauquelin. Passons à la seconde. Il s'agit de celle de Eysenck (1978) sur la liaison signe solaire/extraversion ou introversion. Hélas, comme le dit si bien Suzel dans son Que sais-je ? (1995, pages 98/100), "...Eysenck lui-même analyse finement ce résultat nouveau et n'exclut pas l'éventualité d'une influence de la connaissance de leur signe solaire par certaines personnes testées (...) Quatre réplication de ce travail ont donné des résultats négatifs (...)". La liaison "objective" n'est donc pas solidement établie. Troisième étude, celle de Smither (1984) qui lie signe solaire et métier. Cette même étude, les critiques qu'elle a engendrée ainsi que les réplications négatives sont citées par Suzel (Que sais-je ?, page 100). Sur ce sujet, elle-même conclut qu'"On peut difficilement conclure." Pourquoi le présenter dans Pour l'Astrologie comme une réalité établie ? Quatrième étude, la sienne concernant les jumeaux. N'insistons pas... Le plus drôle, c'est que dans la conclusion du Que sais-je ? version 1995, Suzel Fuzeau-Braesch ne considérait que "deux séries de données vraiment valables" : celles de Gauquelin et la sienne. Ça change à chaque ouvrage. Page 157, une réponse intéressante à l'argument des sceptiques concernant la constance de l'effet astrologique, et ce, quelle que soit la variation de la distance entre une planète et la Terre. Madame Fuzeau-Braesch cite P. Seymour. Celui-ci fait l'analogie avec la radio d'une voiture en mouvement. Si on s'éloigne de l'émetteur, "l'intensité du son diminue, mais on peut augmenter le volume". L'utilisation de l'analogie montre le vide du dossier astrologique. Et surtout, même cette analogie ne répond pas à la question : en effet, en s'éloignant de la source, on ne perd pas qu'en intensité, mais aussi en qualité (crachotements, parasites...). La question de la constance reste posée. Page 221, la fameuse enquête de Carlson est critiquée. Menée en collaboration avec une grande organisation d'astrologues américains, en double-aveugle, elle s'avère négative pour l'astrologie (voir Science et Vie 825, juin 1986). Que lui reproche donc madame Fuzeau-Braesch (et avec elle les Teissier, Barbault...) ? Dans la premiere partie, les sujets n'ont pas reconnue de façon significative leur thème parmi les trois qui leur ont été remis (les deux autres étaient des thèmes calculés pour d'autres personnes). Devant cet échec, Suzel s'appuie sur la jeunesse des participants, des étudiants, et sur la difficulté pour une personne pas assez mature qu'il y a à se reconnaitre dans son portrait. Madame Fuzeau-Braesch omet de signaler que le recrutement des participants s'est fait par une petite annonce, et que si les étudiants sont majoritairement représentés, ils ne sont pas seuls, puisqu'on trouve des personnes plus agées, plus aptes à distinguer leur portrait... si il correspond vraiment. Deuxième phase du test : on fait passer un test psychologique aux participants, à l'aide des résultats, on dresse un profil psychologique. On donne aux astrologues un thème astral, le portrait correspondant à la personne du thème, ainsi que deux autres portraits tirés au hasard (et n'ayant aucun rapport avec le thème). A l'astrologue de noter chaque portrait entre 1 et 10 en fonction de son rapport avec le thème. Normalement, les bons portraits devraient obtenir une note supérieure aux deux autres. Nouvel échec : le taux de choix correct au premier rang fut de 0,34, soit presque exactement 1/3. Notre astrologue allait-elle accepter ce résultat ? Non, bien sûr. Reproche : "Là encore, il eût fallu que l'astrologue soit familiarisé avec le test psychologique : les deux langages sont bien différents." Primo, les astrologues n'avaient pas à être familiarisé avec le test psychologique (ils ne travaillaient pas sur le test...), mais avec les critères du portraits. Et secondo, Suzel omet de signaler que si ce test avait été choisi et accepté par l'association d'astrologues (NCGR), c'est notamment parcequ'il est établi d'après une liste de 18 caractéristiques dont les astrologues font usage dans leur travail d'interprétation des horoscopes. A moins que les astrologues aient une définition différente des termes employés en psychologie, le langage ne peut servir d'alibi à l'échec. On peut noter que, fort honnêtement, le NCGR n'essaya pas de discréditer ce test auquel il fut associé de bout en bout. Ce silence lui est d'ailleurs reproché par Suzel Fuzeau-Braesch. Il est dommage qu'elle ne prenne pas exemple sur l'attitude de ses collègues américains... (Pour en savoir plus, voir article L'astrologie mesurée par le physicien, Science et Vie 825, juin 1986) Décidemment, plus je lis les livres de Suzel Fuzeau-Braesh, plus je suis... sceptique. |