de Jean-Jacques Bedu. Ed. Loubatières (31120 Portet-sur-Garonne), 1990. Vous pouvez réagir à ce dossier dans son forum en ligne associé.
La légende de Rennes-le-ChâteauLa légende prête principalement à Bérenger Saunière, curé de Rennes-le-Château, le fait d'avoir eu connaissance d'un terrible secret, de s'être considérablement enrichi grâce à la découverte d'un fabuleux trésor, d'avoir eu des relations avec des sociétés occultes...
Sur l'importance des sommesSi l'on s'en tient au calcul de la Banque de France pour calculer la valeur actuelle (1988) du franc-or de 1900, il faudrait multiplier par 1538 ! Cela permet à de nombreux auteurs de chiffrer en milliards les dépenses et recettes de l'Abbé Saunière... Pas si simple. En effet, l'Abbé a, par exemple, acheté une brouette 16 francs-or. Avec le calcul ci-dessus, cela donnerait 24 608 Frs ! Autre exemple avec le traitement annuel de l'Abbé : 900 Francs, ce qui donnerait 1 384 200 Francs en 1988 ! Irréel. Il est donc impossible de faire une comparaison entre les dépenses de l'Abbé en 1885, et leur "valeur" en 1988.
Sur le parchemin trouvé dans un pilier creux...Certains auteurs affirment que Saunière était seul au moment de la découverte. L'ayant gardée secrète, on se demande comment cette histoire a été connue... Pour d'autres, il y avait des témoins (2 ou 6 selon les auteurs). Parmi eux, un seul affirme avoir assisté à cette découverte. Il la décrit dans une interview parue en 1966 dans La Dépêche du Midi. Le seul problème, c'est que cette découverte aurait eu lieu en 1886/1887, année de naissance du dit témoin, Antoine Verdier ! Cette histoire semble bien être une pure invention... Mais Saunière semble bien avoir découvert une tombe dans l'église. Peu de chance qu'il s'y soit trouvé un trésor : les livres de comptes de l'Abbé montrent que même après cet épisode, il n'est pas à l'aise financièrement, et doit même emprunter un peu d'argent.
Sur les "inscriptions mystérieuses"...L'inscription en latin au-dessus de l'entrée nourrit tous les délires d'auteurs qui y voient une note ésotérique. Une partie de cette inscription se prête à une double interprétation. TERRIBILIS EST LOCUS ISTE, soit littéralement "Ce lieu est terrible". Mais "terribilis" peut aussi se traduire par vénérable, respectable ou redoutable... Autre délire d'interprétation à partir de l'inscription portée au bas d'une croix : CHRISTUS A. O. M. P. S. DEFENDIT, ce qui est traduit "Antiqus Ordo Mysticusque Prioratus Sionis" afin de faire croire que l'Abbé appartenait à l'ordre mystérieux du Prieuré de Sion. Hélas, cette inscription célèbre se trouve aussi à Rome, sur l'obélisque du Pape Sixte Quint, sous la forme "CRISUS AB OMNI MALO POPULUM SUAM DEFENDIT". Traduction :"Le Christ protège son peuple de tout mal". Rien d'étrange, donc...
Autres signes "ésotériques"...Le pavement de l'église, un damier de pavés noirs et blancs. Pourtant, celle de Rennes-le-Château n'est pas la seule église à posséder un tel revêtement (voir Jonquerettes, près d'Avignon). La voûte céleste au plafond ? La même qu'à Jonquerettes ou Salisbury... Le chemin de croix dextrogyre (qui tourne de la gauche vers la droite)? Comme dans beaucoup d'autres églises, où comme celui de la Cathédrale de Perpignan, fort proche de Rennes-le-Château... Il contient, c'est vrai, quelques aspects maçonniques, sans doute dus à leur auteur, le sculpteur Giscard.
Saunière et l'Archiduc d'Autriche-HongrieJean de Habsbourg, Archiduc d'Autriche-Hongrie serait venue rendre visite à l'Abbé, dans son diocèse de Rennes... Cette belle petite histoire reprise maintes fois ne repose sur aucun élément ou témoignage !
Saunière et la cantatrice Emma CalvéL'Abbé serait monté à Paris, aurait fait la connaissance de la célèbre cantatrice et aurait même eu une liaison avec elle durant plusieurs années... Rien dans les éléments figurant dans le dossier ne permet de penser que les deux êtres se soient un jour croisés. Alors, imaginer une liaison... Et pourtant, cet Abbé a manipulé plus d'argent que ce que sa fonction et son lieu d'exercice pouvait lui apporter. Il a construit de belles bâtisses, la villa Béthanie, la tour Magdala, refait faire son église... D'où venait l'argent ? De dons, et surtout, d'un trafic de messe particulièrement bien organisé : J-J Bedu l'estime à 100 000 intentions de messes, rémunérées de 1 à 5 francs chacune, entre 1893 et 1915. Poursuivant son estimation, Bedu affirme que les gains de cette seule activité ont permis de financer les constructions et le mobilier. Enfin, on ne sait pas assez que Bérenger Saunière a été jugé, entre autre, pour ce trafic ! Volontairement, nous ne donnons pas plus de détails ici. Le livre de Bedu en regorge. Il étaye ses démonstrations sur des éléments matériels, qu'il présente systématiquement. Rien à voir avec les reprises de reprises de on-dit, ou avec les inventions que chaque profiteur de Rennes-le-Château a ajouté au fil du temps. Le vrai trésor de Rennes, c'est le mythe ! Des milliers de touristes y viennent chaque année afin de voir le décor du mystère. Et régulièrement, des auteurs sortent un nouvel épisode qui fait le plaisir des croyants... Pourquoi tueraient-ils l'Abbé aux oeufs d'or ? |