La médiocrité d'Yves Lignon s'étale à nouveau dans un article qu'il vient de consacrer sur son site au "suaire" de Turin. Mon attention sur ce point a été alertée par Laurent Puech, président du CZLR. Yves Lignon écrit :
"S'agissant du suaire de Turin le mot authenticité peut s'entendre dans trois sens :
REMARQUE ZÉTÉTIQUE :Dès l'abord, une bêtise abyssale. A en croire l'assistant toulousain, le "suaire" pourrait être déclaré "authentique" même s'il n'était pas celui du Christ (points 1 et 2). Rien de plus absurde évidemment. Si le "suaire" qu'on nous présente est "authentique", il doit obligatoirement être celui du Christ ET dater d'environ 2000 ans (point 3). A moins de considérer que le mot "authentique" ne qualifie qu'une toile "d'époque" (c'est-à-dire qu'il ne qualifie pas la manière dont celle-ci est apparue). Auquel cas, le "suaire" pourrait AUSSI BIEN dater du Ve, IXe, ou XIIe siècles (pourquoi ne serait-ce pas le "suaire" d'un homme crucifié à une époque basse?). De quelque côté qu'on l'aborde, le raisonnement d'Yves Lignon est biaisé. Il postule dès l'entrée ce qu'il entend prouver par la suite : c'est une misère logique.M. Lignon poursuit :
"Il existe un travail historique très rigoureux publié en 1903 par le chanoine Ulysse Chevallier qui en situant la date de fabrication du suaire vers 1350 fournit d'excellents arguments en faveur de l'hypothèse du faux. On ne résumera pas ici cette étude, ni celles qui l'ont suivie et vont dans le même sens, parce qu'on peut en prendre connaissance dans l'ouvrage de Marion et Courage mais on se doit d'insister sur la cohérence et la force des conclusions énoncées par Chevallier et ses successeurs. Néanmoins aussi intéressant qu'il soit un travail historique ne peut qu'apporter de fortes présomptions s'agissant de l'âge d'un objet. Si l'on veut approcher davantage la certitude il faut tenter de mesurer l'âge en question en faisant appel aux méthodes des sciences exactes autrement dit à la fameuse "preuve par le carbone 14"."
REMARQUES ZÉTÉTIQUES :
Lignon poursuit :
"Si le suaire est un faux la datation au carbone 14 ne pouvait que le confirmer et c'est bien cela qui s'est produit à en croire certains articles de presse : "la science a corroboré les doutes" (L'EXPRESS 28 mai 1998), "datation incontestable...les résultats sont formels" (LE MONDE du 16 avril 1998). D'autres journaux ( LIBÉRATION du 31 mars 1998, JOURNAL DU DIMANCHE du 19 avril 1998, FRANCE SOIR du 22 avril 1998) ont bien mentionné l'existence de réserves mais sans aller jusqu'à en faire de gros titres. Bien que par contre LE FIGARO se soit montré (et très tôt : 23 janvier 1998) explicite en intitulant un encadré "le carbone 14 invalidé" l'affaire a été rapidement entendue : la science a bien tranché, c'est un faux. L'ennui est que les réserves sont en réalité bien plus que des réserves, que le titre du FIGARO est scientifiquement parlant on ne peut plus exact et que la preuve ne vaut pas tripette. Sans être technique il suffit de savoir que la datation a été effectuée par trois laboratoires et que n'importe quel statisticien débutant est capable de s'apercevoir que les résultats obtenus se contredisent un peu comme si les trois échantillons utilisés n'avaient pas été prélevés sur la même pièce de tissu. On trouvera tous les détails nécessaires dans le livre de Upinsky (qui étant mathématicien sait de quoi il parle) ainsi qu'un excellent résumé dans celui de Marion et Courage. "
REMARQUES ZÉTÉTIQUES :
M. Lignon continue :
"Ceci étant acquis on ne peut manquer de noter la curieuse succession d'événements suivants (rapportés dans LE FIGARO déjà cité ) :
REMARQUES ZÉTÉTIQUES :Le fait que l'Église pense (aujourd'hui) que le "suaire" soit authentique ne suffit évidemment pas pour que celui-ci le soit réellement. On aimerait d'ailleurs savoir quelles sont les qualités de cette institution pour émettre un tel jugement. Comme elle a dit l'inverse en 1988, on ne saurait de toute façon lui faire une confiance aveugle sur ce point. Si M. Lignon croit à tout ce qu'enseigne l'Église, sans vérifier ses informations, il n'a plus qu'à se faire tonsurer et à porter la bure. Cela fera un cuistre de moins à l'Université de Toulouse.Il poursuit :
""Le Monde" se veut un journal de référence et obsédé par la recherche de l'information objective. Le moins que l'on puisse noter est qu'à propos du suaire ces deux buts sont loin d'être atteints. Le 24 avril 1997 ce quotidien donc publiait dans sa rubrique "En vue" le texte suivant :
REMARQUES ZÉTÉTIQUES :Ou M. Marion et Mlle Courage ne connaissent pas l'affaire, comme leur citateur de Toulouse, ou ils mentent sciemment à leurs lecteurs. M. Lignon, qui croit tout ce qu'on lui dit du moment que cela ne provient pas des sceptiques, les copie bêtement, avec le naturel qui le caractérise.Voici donc la bibliographie de celui qui a découvert les traces d'oxyde de fer (sous forme d'ocre rouge) sur le "suaire" :
M. Lignon, toujours :
.. "Il est tout de même amusant de constater qu'aux côtés d'assez nombreux ecclésiastiques défenseurs plutôt intégristes de l'hypothèse du faux se rangent quelques uns de ceux pour qui la religion et l'obscurantisme ne font qu'un. Ceux là semblent avoir une sainte (eh oui) trouille de ce que pourrait impliquer une authenticité définitivement avérée. A chacun ses soucis mais cette manière d'aborder le problème n'a rien de scientifique elle non plus parce que basée sur un a priori."
REMARQUES ZÉTÉTIQUES :
M. Lignon termine :
"Car problème il y a donc vraiment et ce n'est pas moi qui le dit. C'est (quand même) Henri Tincq énumérant dans son dernier paragraphe quelques uns des points l'amenant à reconnaître que : " Une part de mystère demeure", c'est Jacques Evin, universitaire spécialiste du carbone 14 déclarant : "La datation n'apporte rien quant à la connaissance de la manière par laquelle l'image s'est produite" ou beaucoup mieux, bien entendu, Marion et Courage qui ayant sur tous les autres l'avantage d'être chercheurs à l'Institut d'Optique d'Orsay énoncent donc l'opinion la plus qualifiée en écrivant : "Pour la science de la fin du XXième siècle le mécanisme de formation de l'image n'est toujours pas élucidé". Voilà au moins qui rappelle clairement que si chacun est en conscience libre ou non de croire que le suaire a enveloppé le corps du Christ, fils de Dieu, on peut aussi discuter à son propos d'autre chose."
REMARQUES ZÉTÉTIQUES :
AU BILAN :M. Lignon se moque une nouvelle fois de ses lecteurs (voir par ex. l'enquête exhaustive sur Vailhauquès menée par notre excellent ami Laurent Puech, dans Enquêtes Z n°11).Question : et si c'était M. Lignon qui avait "la sainte trouille" qu'on découvre qu'il n'est en réalité qu'un vil fumiste?
NoteM. Marion puis M. Patrick Ferryn m'ont envoyé les références de l'article intitulé "Discovery of Inscriptions on the shroud of Turin by digital image processing" : Paper 06117 received Nov. 10, 1997; revised manuscript received Jan. 13, 1998, and Mar. 5, 1998; accepted for publication Mar. 5, 1998 -2308 Opt. Eng. 37(8) 2308-2313 (August 1998) - 0091-3286/98/$10.00 - (c) 1998 Society of Photo-Optical Instrumentation Engineers. La rédaction de mon livre a été achevée dans le courant de 1998 (la majeure partie de l'ouvrage a été écrite en 1997, voire en 1996), époque à laquelle paraissait ledit article. Je remarque que cet article ne change rien à ce que je dis de la thèse de M. Marion : il est aussi (voire plus) circonspect que dans le menu chapitre du livre qu'il consacre au sujet (malgré un titre trompeur), et prête tout autant à critique. De plus, on ne peut qu'être extrêmement surpris de la date de sa publication : c'est-à-dire après l'édition de l'ouvrage grand public intitulé "Nouvelles découvertes sur le suaire de Turin" (Albin Michel, 1997). Ce n'est pas ainsi que l'on procède habituellement en science : je trouve la manière quelque peu cavalière, et pour tout dire, trop commerciale à mon goût zététique. |